Des alternatives au questionnaire de lecture
pour affiner la compréhension, pour susciter le désir et favoriser l'entrée dans les textes.
La lecture est un acte intérieur dont l’enseignant ne peut évaluer les progrès si le lecteur n’est pas invité à extérioriser ce qu’il a compris lors de sa lecture.
L’extériorisation la plus commune se fait au travers de questionnaires, et cette pratique reste celles d’examens comme le brevet ou le bac. Elle est néanmoins peu motivante et, pratiquée sans alternatives qui varient les approches, elle peut conduire à transformer tout texte, et la littérature en particulier, en support et prétexte à questions ou, pire, à contrôle. Une autre extériorisation possible est la traduction, prise au sens large. Il y a bien des façons de traduire :
|
|
Les activités exposées ci-dessous présentent des alternatives variées au questionnaire de lecture s’inscrivant dans ces différents champs de la traduction et proposant des articulations variées du lire, du dire et de l’écrire. Un panel d’activités plus ample se trouve dans le diaporama téléchargeable ci-dessous, notamment pour illustrer la traduction interlinguistique. |
* Actualisation: Philos. Passage de la puissance à l'acte — Passage de l'état virtuel à l'état réel.
Ling. (Angl. actualization, de actual « réel »). Opération propre au discours, par laquelle une unité de la langue (code) est insérée dans un discours (message) particulier. |
Activités pour développer et articuler entre eux le lire, le dire et l’écrire.
|
Traduction intralinguistique
L'écrit heuristique: les écrits réflexifs & intermédiaires
|
|
|
L'écrit heuristique: carte mentale et carte conceptuelle
|
|
La prise de notes différenciée |
|
La pratique du texte-puzzle fragmente le texte pour favoriser la Prise de Parole en Interaction, la prise de notes différenciées fragmente, elle, les consignes d’observations et la mise en commun des aspects relevés/identifiés permettra une lecture analytique plus complète, étant collective. Comme dans la recréation poétique, on s’appuie sur le collectif pour optimiser le résultat.
Après visionnage d'une vidéo exposant cette pratique et réflexion sur ses enjeux, les collègues ont pu l'expérimenter eux-mêmes le mercredi avec une classe de CM1 du lycée de Pereira. |
Ci-dessous, les documents de préparation et supports de la séance menée par DENIS POULVELARIE, CONSTANCE WALTON, DELPHINE FARAMUS, CLAIRE BOUSSER et VIVIANA ZEA CRUZ avec la classe de CM1B du lycée de Pereira:
|
|
|
Traduction intersémiotique
Faire mettre en scène un texte, préalablement découpé |
|
Sur des textes narratifs relativement longs, où il est important que les élèves se projettent sur les personnages pour saisir les motifs psychologiques qui gouvernent l’intrigue et ses rebondissements, on peut proposer aux élèves de mettre en scène le texte, pour s’assurer qu’ils donnent pleinement corps à ce qu’ils lisent.
Concrètement, on découpe en plusieurs segments autonomes (un fragment par revirement de l’histoire), et l’on distribue ces fragments à autant de groupes dans la classe. On pourra au choix avoir donné l’extrait à lire dans sa globalité à toute la classe ou, au contraire, n’avoir donné dans un premier temps à un groupe déterminé que le fragment qu’il interprétera. Cette dernière option présente l’avantage de générer un effet d’attente à l’égard de ce qui précède ou suit l’extrait à mettre en scène, attente qu’entretiendront les interprétations des camarades tout en la satisfaisant partiellement. Pour les spectateurs des interprétations des autres, les scénarisations du texte le dévoilent progressivement en une version traduite dans un autre langage (celui du corps et de la scène), et partant créent le suspense et incitent à lire l’ensemble du texte. |
Pour les interprètes eux-mêmes, mettre en scène une action suppose d’avoir cerné l’ensemble de la scène/action, ensemble incluant un certain nombre de détails, car toute mise en corps et en espace oblige à un certain nombre de choix (traduction physique des caractères et sentiments, des attitudes, intentions, actions etc.), et ces traductions peuvent être ou non fidèles au texte. C’est là le propre de toute traduction : actualiser le texte dans une autre langue, ou dans un autre langage, oblige à le cerner puis à le traiter dans sa totalité, là ou une lecture en simple réception peut se contenter d’une certaine partialité.
L’impératif de mise en scène permet donc d’éviter un double écueil en matière de lecture, celui de la lecture fragmentaire, ne relevant que quelques détails peinant à faire sens, étant décontextualisés, ou bien celui de la lecture réduisant le texte à une trame trop générale, trahissant sa singularité. |
Pour mener à bien la séance, surtout si l’on a opté pour le dévoilement progressif du texte (si l’on n’a donné qu’un fragment à chaque groupe, lui occultant le reste du texte), pour permettre à chacun de comprendre les mises en scène des autres, on aura eu soin de donner (ou faire confectionner) des accessoires simples permettant l’identification des personnages et de leur récurrence d’une mise en scène à l’autre. A défaut, ou comme garantie supplémentaire, on peut donner comme contrainte aux interprètes de créer des dialogues où les interlocuteurs seront nommés au moins deux ou trois fois, pour faciliter la compréhension des spectateurs.
Selon son groupe, et le niveau, l’on peut s’amuser à quelques défis, donner à jouer des scènes muettes, où il faille interpréter des objets inanimés, avec les moyens du bord, pourquoi avec ceux du corps (faisant vivre le sous-domaine du nouveau socle 1.4 « Comprendre, s'exprimer en utilisant les langages des arts et du corps »). Ci-dessous, des extraits du Roman de Renart, découpés en vue de la scénarisation (Texte de Jeanne Leroy-Allais, adaptation réalisée par Marie-Laure Besson pour le Cartable Fantastique) et leur mise en scène par les stagiaires. |
|
|
Créer des bandes annonces de livres pour donner envie de lire
|
|
Participant également de la traduction intersémiotique et de l’articulation des sous-domaines 1.1 & 1.4 du nouveau socle, la bande-annonce, version audio-visuelle de la 4e de couverture, peut être une amorce motivante pour un public habitué aux multimédias.
L’enseignant, si ses compétences techniques le lui permettent, peut la concevoir (cela peut être par exemple un diaporama avec musique, PowerPoint permet de réaliser cela assez simplement). Il peut aussi utiliser des propositions d’éditeurs, comme la bande-annonce de La Fabuleuse Histoire de Jeremy Leloup (texte de Gilles Tibo, illustrations de Jean-Luc Trudel, éditions Québec Amérique). |
Enfin, et c’est peut-être la proposition pédagogiquement la plus intéressante, on peut faire réaliser ces bandes-annonces par les élèves pour partager leurs lectures et s’inciter les uns les autres à lire.
Ci-dessous, deux exemples de bandes-annonces de livres réalisées par des élèves du lycée français de Bogota encadrées par Nayibe Vera et Mónica Caicedo.
Ci-contre, la bande-annonce de La Joven de la Medianoche de Gisela Pou, réalisée par des élèves de 5e. |
|
|
Ci-contre, la bande-annonce des ch. 39 à 41 del Ingenioso Hidalgo Don Quijote de la Mancha de Cervantes, Tome I, réalisée par des élèves de 1ère. |