Page 18 - POLITIQUE DES LANGUES
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mais aussi dans la langue du pays d’accueil. La réflexion sur au Sénat le 25 mai 2012 traitait du thème : « Qu’est-ce
l’alternance des langues est décisive pour la réussite d’un qu’une langue maternelle ? ». En voici un extrait :
enseignement bilingue assurant l’acquisition des connais-
sances disciplinaires en même temps que l’approfondis-
sement des connaissances langagières.
Qu’est-ce qu’une langue maternelle ? C’est
En primaire, le choix entre « macro-alternance » (partition apparemment la langue dans laquelle on baigne
des programmes) et « micro-alternance » (alternance à la naissance, la langue que l’on entend dans le
des langues au sein d’une même séquence de classe) ventre de sa mère, mais il est frappant de consta-
est trop complexe pour être traité ici. L’on peut toutefois ter que la plupart des dictionnaires du XIXe siècle
indiquer que la « micro-alternance » permet plus de la définissent encore non pas par référence à une
souplesse et de flexibilité et qu’elle facilite la maîtrise de ascendance mais par rapport à un territoire : comme
ce bilinguisme à tous les élèves. Il peut être fructueux de la langue du pays natal, la langue du pays où l’on
réfléchir à une combinaison concertée des deux approches. est né. En latin, langue maternelle se traduit par
« sermo patrius » : c’est la langue de la mère-
Plus exigeante – pour les enseignants comme pour les patrie, et ce peut donc être aussi la langue du
chapitre II élèves, surtout jeunes — la macro-alternance suppose père, patrie et père ayant la même étymologie.
d’être construite a priori et comme « institutionnalisée » (…) Il faut attendre le milieu du XXe siècle pour
(modèle de la discipline non linguistique au lycée par que s’impose définitivement le sens que nous
exemple) et peut compléter la pratique de la micro- connaissons aujourd’hui, et que la langue se dé-
alternance sur des points de programmes précis. Mais tache en quelque sorte du territoire (les historiens
il faut éviter qu’elle ne se double d’une alternance dans nous diront peut-être qu’il faut y voir l’un des signes
le rythme scolaire (une journée par langue dans la semaine, de la mondialisation, qui a notamment pour effet,
18 voire une semaine par langue en alternance dans le on le sait, de « déterritorialiser » les langues).
mois), dommageable pour la progression des élèves. (…) On peut découvrir sur le site du gouvernement
fédéral canadien, qui doit gérer la difficile coexis-
tence de l’anglais et du français chez un même
Pour un enseignement du français, individu, cette définition :
langue maternelle 2 « la langue maternelle est la première langue
apprise à la maison dans l’enfance » (c’est en effet
Quelle que soit la situation linguistique initiale, on peut l’acception la plus courante aujourd’hui). Or le site
affirmer que le français doit être acquis de telle manière ajoute cette précision étonnante, que peuvent expli-
qu’il devienne pour tous les élèves non francophones quer les situations de bilinguisme : « si la personne
une véritable seconde langue maternelle, ce que l’on ne comprend plus la première langue apprise,
pourrait désigner par LM2. la langue maternelle est la deuxième langue
L’intervention de Xavier North, alors délégué général à apprise ». Autrement dit, on peut oublier sa
la langue française et aux langues de France, lors de la
tenue des « Assises FLAM » (français langue maternelle)
POUR UNE ÉDUCATION PLURILINGUE, LA POLITIQUE DE L’AEFE